Nouvelle menace : le « jihadisme d’atmosphère »

L’universitaire et spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain, Gilles Kepel, analyse dans cette vidéo cette nouvelle menace : le « jihadisme d’atmosphère ». Successive à la perte de pouvoir de l’organisation islamiste Daech, décorrélée d’un donneur d’ordre, donc beaucoup plus diffuse, et moins décelable par les services de police et de renseignement français.

Après l’attentat de Rambouillet, ayant visé un commissariat et couté la vie à une fonctionnaire de police, se pose, plus que jamais, la question de ces individus inconnus des services, qui passent à l’acte.

Le ministre de l’Intérieur l’a expliqué : « Cela fait 9 attentats de suite, où les personnes qui ont commis des actes terroristes, ne sont fichées dans aucun de nos fichiers, ils ne sont pas fichés S, ils ne sont pas fichés pour radicalisation, ils n’étaient pas à notre connaissance en lien avec d’autres réseaux terroristes. »

Il a poursuivi en expliquant l’objectif, désormais, du gouvernement : « Il faut comprendre comment on arrivait, à peu près, à contrôler les personnes qui sont fichées S, et comment on n’arrive pas à contrôler ce nouveau jihadisme »

Cette nouvelle forme de jihadisme a été théorisé par l’universitaire Gilles Kepel, il a nommé cela le « jihadisme d’atmosphère ».

Il décrit ce concept : « il n’y a plus de donneurs d’ordre, il y a d’un côté des entrepreneurs de colère qui vont désigner des cibles, par exemple le professeur Samuel Paty ou Charlie Hebdo, qu’ils ne vont pas eux-mêmes appeler à tuer ; et vous aurez d’autres personnes qui se seront déjà radicalisés en ce sens, sur le web ou à travers des sermons particulièrement virulents et autres, et qui vont décider de passer à l’action, sans appartenir à une organisation. »

 

Gilles Kepel réfute le lien avec le concept de « loup solitaire » : « Ce ne sont pas des ‘’loups solitaires’’, puisqu’ils ont déjà été formatés, ils ont subi un lavage de cerveaux, une mise en condition, mais il n’y a plus ce rapport de l’organisation à l’exécutant ».