Le Plan national de prévention de la radicalisation
Quatorze mois après sa présentation officielle à Lille en février 2018, le Premier ministre a organisé le 11 avril 2019 un Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation pour faire un bilan du Plan National de Prévention de la Radicalisation (PNPR) à Strasbourg, dans un gymnase du quartier de Neuhof, entouré de nombreux ministres. Ce plan concerne vingt ministères, dont sept plus particulièrement, et compte soixante mesures à mettre en application et à coordonner.
Ce point d’étape a permis de mettre en évidence la mise en œuvre des 60 mesures du plan grâce à son suivi réalisé par le SG-CIPDR et au travers de régulières réunions interministérielles. Alors que la menace terroriste plane toujours sur le pays, le gouvernement affiche ainsi sa détermination à prévenir la radicalisation et à accentuer ses efforts dans les domaines où peuvent se concentrer les fragilités (milieu carcéral, délinquance…).
- Pourquoi un nouveau plan ?
- Comment ce plan a-t-il été élaboré ?
- Quelles mesures ?
- Quel bilan de mise en œuvre ?
- Quelles perspectives?
Pourquoi un nouveau plan ?
Au cours des années 2016 et 2017, la radicalisation a continué à s’affirmer en France à l’instar d’autres pays européens et au-delà, comme une menace durable pour la sécurité et la cohésion sociale du pays. Face à cette menace, une politique publique de prévention de la radicalisation, qui articule logiques sociale et de sécurité, a été construite à partir de 2014, avec le plan de lutte anti-terroriste (PLAT) et le plan de lutte contre la radicalisation et le terrorisme (PART) de 2016. Ces deux plans, qui regroupaient à la fois des mesures pour contrer le terrorisme et la radicalisation, ont développé la politique publique de prévention autour de la détection, la formation des agents de l’État et des citoyens, la prise en charge et l’accompagnement en milieux ouvert et fermé, le développement de la recherche et le partenariat européen.
Depuis, la menace a évolué et est devenue plus endogène et plus diffuse. Cette reconfiguration de la menace à conduit le gouvernement à élaborer un nouveau plan, un premier plan consacré exclusivement à la prévention de la radicalisation : le Plan national de prévention de la radicalisation « Prévenir pour protéger » présenté le 23 février 2018.
Comment ce plan a-t-il été élaboré ?
Ce plan est le fruit d’une large concertation menée par le secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR) et a mobilisé 20 départements ministériels à partir du retour sur les dispositifs mis en place et expérimentations conduites. Pour établir ce plan, un bilan d’exécution des mesures inscrites dans le PART de 2016 et une identification des thèmes ou domaines à renforcer, à traiter dans le cadre du nouveau plan ont été réalisés. Il a été décidé d’agir le plus en amont possible au sein de l’école, sur internet, de s’intéresser à de nouveaux champs non véritablement traités dans le cadre des précédents plans comme l’entreprise ou l’enseignement supérieur et la recherche, et jusqu’à l’aval, pour assurer la continuité entre la prison et la sortie, et éviter ainsi des « sorties sèches ». Il s’agira également de renforcer les mesures prises notamment sur le plan de la professionnalisation et de l’encadrement des pratiques de prise en charge et d’intégrer de nouveaux sujets comme celui les mineurs de retour initiés en 2017 en dehors du PART de 2016.
Quelles mesures?
Le PNPR formule 60 mesures, pour réorienter la politique de prévention suivant 5 axes :
- Prémunir les esprits face à la radicalisation
- Compléter le maillage détection / prévention
- Comprendre et anticiper l’évolution de la radicalisation
- Professionnaliser les acteurs locaux et évaluer les pratiques
- Adapter le désengagement
Pour protéger la société, il faut continuer de lutter contre le terrorisme mais aussi prévenir efficacement la radicalisation. C’est le sens de ce plan « prévenir pour protéger ». Son succès repose sur la mobilisation et la coordination entre acteurs de l’État, collectivités territoriales et société civile, en tenant compte des retours d’expérience du terrain et des bonnes pratiques qui nous reviennent aussi de nos partenaires européens.
Quel bilan de mise en œuvre ?
C’est toute une nouvelle chaîne de protection que le plan “Prévenir pour Protéger” a formé grâce à la mobilisation des acteurs de l’État , ceux des acteurs locaux et avant tout les maires et ceux de la société civile (compagnies de l’Internet, militants internautes, auteurs, artistes, audiovisuel public …)
Quelles perspectives ?
4 axes
- Intensifier le travail de prévention et de désengagement de la radicalisation en prison. Finaliser l’évaluation des détenus pour terrorisme et accélérer celle des détenus de droit commun suivis au titre de la radicalisation, y compris les femmes, avant un placement qui tienne compte de leur niveau de dangerosité, et un suivi en santé mentale renforcé. Poursuivre les actions de formation des personnels pénitentiaires, en intégrant notamment la connaissance du socle de l’idéologie salafiste djihadiste, les différents profils des personnes détenues concernées par la radicalisation et les différents niveaux d’imprégnation idéologique ainsi que la géopolitique.
- Intégrer la prévention de la radicalisation dans la prévention de la délinquance. Traiter aussi en amont des jeunes délinquants susceptibles d’évoluer vers la radicalisation avec des mesures ciblées :
- Mobilisation du partenariat local, au sein des dispositifs de prévention de la délinquance, avec des capacités d’intervention préventives plus précoces et tournées vers les formes nouvelles de délinquance (ex. cyber harcèlement, racket, chantage, développement de l’esprit critique, éducation aux médias) par des actions visant l’usage raisonné et maîtrisé de l’espace numérique chez les jeunes ;
- Renforcement de la prise en charge en santé mentale par des psychiatres coordonnateurs dans les ARS ;
- En lien avec la future Stratégie nationale protection de l’enfance, activer les mesures de soutien à la parentalité pour impliquer la cellule familiale dans la démarche de prévention, et plus en amont encore, une articulation avec des chantiers qui concourent à notre cohésion sociale.
- Intégrer la prévention de la radicalisation dans la prévention de la pauvreté. Renforcer le maillage social, dans des quartiers exposés à la fois à la pauvreté et à la radicalisation, avec l’apport de 40 postes d’éducateurs de rue dans le cadre de la mise en œuvre du Plan pauvreté de septembre 2018.
- Intégrer la prévention de la radicalisation dans le développement du Service National Universel (SNU), parce que prévenir la radicalisation est un enjeu essentiel pour notre cohésion, le développement du SNU intégrera des contenus et intervenants du récit républicain dès la phase pilote de juin mais aussi la possibilité d’effectuer des missions d’intérêt général auprès des grands réseaux du travail social impliqués dans la prévention de la radicalisation.
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